Notre réponse aux réponses à la lettre à Pierre-Dominique Martin (et ses semblables…) #BalanceTonPatron

vendredi 28 février 2020
par  mussen

Mesdames, Monsieur,

Tout d’abord, nous vous remercions d’avoir pris le temps de nous écrire. Cela démontre un intérêt, que nous saluons, pour un sujet qui nous tient particulièrement à cœur à la CGT-CGI. En effet, la conquête d’une égalité réelle – et pas uniquement de droit – entre les femmes et les hommes est un objectif majeur de notre engagement syndical.

Cet engagement, nous nous efforçons de le traduire au quotidien à travers la formation de nos syndiqué.e.s, l’accompagnement et la défense des salarié.e.s, la participation aux négociations collectives au sein de l’entreprise, l’organisation de manifestations et d’actions de sensibilisation – en particulier à l’occasion de la journée internationale de lutte pour les droits des femmes les 8 mars – et en ne nous taisant pas lorsqu’une situation nous interpelle ou nous révolte. C’est précisément ce qu’il s’est passé en octobre dernier, lorsque Pierre-Dominique Martin a visiblement indigné une bonne partie de ses collaborateurs et collaboratrices par ses propos sur la place des femmes au sein de CGI Business Consulting.

Nous entendons vos critiques quant à la forme qu’ont pu prendre les différentes manifestations de cette indignation. A nos yeux, elles ne sont que le reflet de l’immense gouffre qui sépare le fonctionnement de CBC et les exigences de ses salarié.e.s. Il est tout simplement intolérable, alors que l’on entame la deuxième décennie du 21ème siècle, de trouver normal – pire, de justifier – que l’instance de direction d’une BU composée de plus d’un tiers de femmes ne compte AUCUNE femme en son sein. Ce constat à lui seul témoigne de l’échec des politiques d’égalité professionnelle de CGI.

Sur le fond, nous vous rejoignons sur le fait que des initiatives et mesures en faveur de l’égalité professionnelle existent au sein de CGI. Nous le reconnaissons avec d’autant plus de facilité que nous participons pleinement aux négociations d’entreprise qui conduisent à la mise en place de telles mesures. Néanmoins, nous ne vous rejoignons pas sur à peu près tout le reste…
En premier lieu, l’existence d’actions dédiées ne signifie pas que tout est fait. En particulier, nous dénonçons avec force l’absence de congés enfant malade chez CGI France, alors que cette disposition existe et est considérée comme normale dans de nombreuses entreprises et y compris chez nos concurrents directs. De la même manière, nous estimons que la culture du présentéisme et la normalisation des heures supplémentaires non rémunérées qui sévit dans de nombreuses équipes ne favorise pas le maintien d’un équilibre vie professionnelle / vie personnelle, et que le refus continu de la direction de CGI de prendre des mesures contraignantes sur ce sujet témoigne de l’absence d’une volonté forte de réduire les inégalités professionnelles.
Ensuite, nous rejetons sans équivoque cette idée selon laquelle dénoncer une discrimination sexiste à l’égard des femmes reviendrait à faire un procès en illégitimité à chaque homme de l’entreprise. Ce n’est pas ce dont il s’agit, et nous abhorrons ce procès d’intention car il réduit trop souvent et trop facilement les femmes au silence. Oui, il est possible, et même souhaitable, d’affirmer qu’un CODIR CBC 100% masculin révèle une discrimination claire et indiscutable des femmes dans l’entreprise. Il ne s’agit pas de dire que les membres du CODIR CBC ne sont pas compétents ou légitimes, il s’agit de dire qu’il n’est pas normal qu’il n’y ait pas de femmes jugées suffisamment compétentes pour légitimer leur présence dans cette instance.
Enfin, vous avez tous insistés sur le fait que la phrase ayant déclenché l’ire des collaborateurs de CBC était en réalité une citation d’Anna Notorianni, une femme, et qu’en fait la réponse de Pierre-Dominique Martin avait été mal comprise. Malheureusement, cela ne change absolument rien au fond du problème. Ce soir-là, il y avait un éléphant dans la pièce (vous nous pardonnerez l’anglicisme), et il a fallu que de nombreux collaborateurs posent la question par sms pour que le sujet de l’absence de femmes au CODIR soit abordé (il est vrai avec l’accord de P.-D. Martin, qui aurait pu tout aussi bien ignorer cette question, et nous le remercions de ne pas l’avoir fait et d’avoir eu le courage de la traiter… même si cela s’est finalement retourné contre lui !). L’absence de femmes était un tel non-sujet pour la direction que personne ne s’est rendu-compte du problème et ne s’est dit qu’il fallait désamorcer la bombe avant qu’elle n’explose et, c’est un comble, n’assure le service après-vente une fois fait. Honnêtement, nous sommes abasourdi.e.s face à une telle incompréhension des attentes des salarié.e.s par la direction.

Il y aurait encore beaucoup à dire sur tous ces sujets, mais tout ne peut être traité en une fois. Nous vous invitons donc, ainsi que toutes les personnes intéressées, à venir discuter d’égalité professionnelle à l’occasion des débats que nous organiserons un peu partout en France au printemps.

Fraternellement,
La CGT-CGI.

(En PJ les réponses commentées aux courriers reçus)


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